Le nucléaire, protection rapprochée contre le froid
Riche de paysages magnifiques et d’innombrables monuments, la France est le pays les plus visité au monde. Chose étonnante, le gouvernement ne s’est donné que très récemment un dispositif national à la hauteur de ce marché : un ministère du Tourisme. En revanche, pour communiquer sur son parc de 54 centrales nucléaires et son industrie de retraitement des déchets nucléaires, la France s’est dotée d’une puissante capacité de communication favorable à cette énergie dès la fin des années 1950.
En 1958, en effet, le conseil de l’OCDE (alors OECE) mettait sur pieds l’Agence européenne pour l’énergie nucléaire (AEEN), qui permettra à l’industrie du secteur de coordonner sa communication d’un État à l’autre La Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA) ou Euratom, née un an auparavant, sera à l’origine des normes de radioprotection adoptées par la Commission de Bruxelles. Notons qu’au niveau mondial un accord secret intervenu en 1959 entre l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé que les programmes de recherche de cette dernière sur la radioactivité feront l’objet de concertations préalables permettant d’éviter des résultats pouvant nuire aux intérêts défendus par l’AEIA. Un accord en contradiction flagrante avec la Constitution de l’OMS, tout particulièrement en son chapitre il, qui stipule que cette institution doit éclairer l’opinion publique sur tout ce qui concerne la santé.
Dans les limites de l’Hexagone, c’est un tortueux système en tuyaux d’orgue qui est officiellement chargé de la protection des personnes contre la radioactivité Le plus connu du public est l’Office de protection contre les rayonnements ionisants (OPRI) – sous la tutelle des ministères de la Santé et du Travail -, qui a géré de nombreux dossiers susceptibles de nuire à l’image du nucléaire. Ce service n’a toutefois pas su préserver sa propre image après 1986, année de la contamination de la chaîne alimentaire par le nuage de Tchernobyl – que le gouvernement, en bon douanier, avait pourtant réussi à stopper à la frontière. L’OPRI a disparu en tant que tel en 2000, après avoir fusionné avec l’institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN), devenant l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Si la gestion catastrophique des retombées de Tchernobyl a fait couler beaucoup d’encre, on sait moins que les services chargés de nous protéger contre les rayonnements atomiques sont à l’origine de surprenants accords avec de grandes entreprises autorisant celles-ci à écouler leurs déchets radioactifs dans des produits massivement vendus au grand public. C’est en vertu d’une semblable autorisation, par exemple, que le grand groupe industriel Saint-Gobain a dispersé les déchets d’une de ses filiales, la SEPF, dans sa laine de verre : des milliers de tonnes de résidus assez radioactifs
pour être refusés dans des décharges ordinaires. La filiale, spécialisée dans le traitement de matériaux réfractaires, avait en effet pris l’habitude de se débarrasser de ses déchets radioactifs dans une décharge d’ordures ménagères, à Talaud (Vauduse), avant que les gérants de cette dernière s’aperçoivent, en 1997, que ces déchets apportés par camions entiers présentaient une .radioactivité de 10 000 becquerels par kilo, taux inacceptable pour un tel site. Depuis lors, Saint- Gobain n’a rien trouvé de mieux que de les diperser dans la laine de verre vendue aux particuliers… Les industriels argueront du fait que les déchets radioactifs disséminés dans d’énormes quantités de matériaux, au final, ne représentent plus que 100 à 200 becquerels par kilos, un taux très bas puisqu’il multiplie « seulement » par deux la radioactivité habituelle de la laine de verre. Faut-il souligner que ni Saint- Gobain ni les autorités françaises n’ont jugé utile de prévenir le public de cette curieuse solution qui consiste à prendre nos maisons pour leurs poubelles ? En 1999, des représentants de la direction de Saint-Gobain, après avoir nié, reconnaîtront finalement les faits et apprendra que cette pratique existe aussi chez d’autres grands entrepreneurs, également couverts par les autorités…
L’OPRI a-t-il jugé que le « bruit de fond » de la radioactivité en France n’était pas assez élevé avec les rayonnements naturels et le radon, l’exploitation de mines d’uranium, les centrales nucléaires et leurs accidents, les usines de retraitement, les expositions médicales et la dissémination des sources radioactives contenues dans toutes sortes d’appareils chez les particuliers et dans les entreprises ?
C’est la CRII-RAD (un laboratoire indépendant sans lequel le public ne disposerait que de rares informations sur les rayonnements ionisants) qui alerta le ministère de la Santé, le 16 janvier 1997, sur le dossier Saint-Gobain : « Il est scandaleux d’accroître la radioactivité ambiante dans notre environnement quotidienne alors qu’elle atteint déjà un niveau important. Cela contredit tous les efforts de la radioprotection. » La pratique des industriels n’a pas cessé pour autant. Mieux : au cas où les choses tourneraient mal, Saint-Gobain s’est préparé à lancer une campagne de presse présentant les choses comme un « procédé innovant de recyclage et de traitement du silicate de soude ».
Vidéo : Le nucléaire, protection rapprochée contre le froid
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