Les meilleurs amis que l'argent peut acheter

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L’industrie du tabac a recruté avec succès la Ligue américaine de défense des libertés civiques pour promouvoir un mythe : fumer serait un « droit civique » comparable à la liberté de parole et d’association. Si la Ligue nie entretenir des liens étroits avec l’industrie du tabac – liens dénoncés par l’institut pour la justice sociale -, elle ne peut nier ce que montrent ses livres de compte : elle a accepté environ 500000 dollars provenant de contributions de l’industrie du tabac entre 1987 et 1992, mais ha pas daigné informer ses membres de ces largesses.

Durant la campagne de Monsanto pour l’approbation de l’hormone de croissance bovine, l’entreprise réussit à acheter le soutien de Carol Tucker Foreman, ancienne directrice exécutive de la Fédération américaine des consommateurs. Au début de 1993, Carol Foreman fut embauchée comme lobbyiste par l’équipe chargée de défendre la rBGH – en échange d’une rémunération particulièrement généreuse, selon la rumeur. Grâce à ses services, Monsanto réussit à contrer le Congrès et la Food and Drugs Administration : ces deux organismes auraient pu exiger que le lait provenant de vaches ayant été traitées avec la rBGH soit dûment signalé, mais Monsanto a menacé de procès les producteurs laitiers qui voulaient afficher la mention « lait sans hormones » sur leurs bouteilles.

Ex-secrétaire adjointe à l’Agriculture, Carol Foreman est aussi la coordinatrice et la lobbyiste de la Coalition pour une nourriture saine, « alliance regroupant défenseurs des consommateurs, citoyens du troisième âge, francs-tireurs qui luttent pour la démocratie et syndicalistes », formée par ses soins en 1987. Ses membres incluent des « poids lourds » de la défense de l’intérêt public comme Michael Jacobson, du Centre pour une science au service de l’intérêt général, Ralph Nader, de Public Citizen, et l’Association pour une politique citoyenne en matière d’alimentation et de santé . Lorsqu’on lui a demandé combien d’argent elle avait reçu de Monsanto pour faire du lobbying pour la rBGH, elle a refusé de répondre, s’exclamant : « Mais en quoi cela vous regarde- t-il ? » Quand des journalistes ont contacté son agence de consultants, Foreman & Heidepreim, on a refusé de leur fournir des informations et on leur a conseillé de s’adresser au département relations publiques de Monsanto.